catherine koenig
vendredi, 23 septembre, 2022
Cycles de conférences en histoire de l'art

Cycle 14 : la représentation de la nature dans l’art moderne

UNE CERTAINE IDEE DE NATURE

Se promener le nez au sol, cueillir des écorces et des branches, ramasser des bois flottés et des galets polis, s’inspirer des formes des lichens, rêver en regardant les nuages. Jean Arp, Paul Klee, Joan Miró explorent de nouveaux chemins de connaissance pour peindre et comprendre la nature.

 

Conférence 1 : Hans Jean Arp, Les métamorphoses du hasard

Peintre strasbourgeois, il assiste à la création de Dada à Zurich en 1916, mouvement artistique. Il aime traquer le hasard dont les fruits saugrenus, souvent poétiques, se cristallisent dans l’œuvre d’art. Il refuse la ligne droite, cherchant à définir les formes qui paraissent issues d’une croissance intérieure, comme si l’artiste ne faisait qu’aider à les révéler. Ses « concrétions humaines » évoquent les métamorphoses du vivant. L’évolution de ses formes se déploie en une « abstraction » (qu’il préfère nommer « concrétion ») qui, s’éloignant de l’humain, atteint une universalité cosmique et éveille dans l’esprit du spectateur des échos multiples ou Nature et Culture se rejoignent sous les métamorphoses du hasard.

Jean Arp.  Berger des nuages. Bronze. Musée Kroller-Müller, Otterlo. 1955

 

Conférence 2 : Paul Klee. L’éphéméride des petites choses

Né à Berne d’un père Allemand et d’une mère Suissesse, Klee est à cheval entre deux pays, partagé entre deux vocations : la musique classique et la peinture. A 20 ans, il choisit la peinture. A Munich, il réalise des gravures aux traits acérés. Puis, en avril 1914, lors d’un voyage à Tunis, la couleur apparaît dans toute sa plénitude. Après la guerre de 14-18, devenant professeur au Bauhaus il explore les conditions d’émergence de la création plastique, ce qu’il nomme la genèse de l’acte créateur. De la ligne à la couleur, Klee invente un petit chemin au pays de meilleure connaissance.

Paul Klee. Ad Parnassum. H/T. Kunstmuseum, Berne. 1932

 

Joan Miró. Ceci est la couleur de mes rêves

Miró peint des tableaux au réalisme descriptif où chaque détail est consigné très précisément. Breton le désigne alors comme « la plus belle plume du chapeau surréaliste » jusqu’en 1927. Petit à petit, Miró va se détourner des débats théoriques et politiques. A la pratique de l’automatisme basée sur le postulat que « l’œil existe à l’état sauvage », il préfère une lente conception de l’oeuvre en accord avec ses souvenirs et sa mythologie personnels. La faim qui le tenaille est la cause d’hallucinations, hallucinations qu’il fixe dans des dessins préparatoires à ses grandes compositions. Son œuvre a la capacité de métamorphoser le réel. Chaque motif lentement évolue vers le signe qui constitue un univers singulier et personnel.

Joan Miró. Paysage catalan, le chasseur. H/T. MoMA, 1924