catherine koenig
vendredi, 23 septembre, 2022
Cycles de conférences en histoire de l'art

Cycle 12 : Peindre la femme, Bonnard, Picasso, Chagall

PEINDRE ET DEPEINDRE LA FEMME DANS L’ART MODERNE

Comment peindre la femme que l’on aime ? Doit-on voler son reflet dans le miroir du cabinet de toilette ? Doit-on extraire son essence, écarteler son image pour capter son âme ? Doit-on peindre avec tendresse la sans-pareille, celle qui enchante chaque heure du jour et de la nuit ?

 

Conférence 1 : Pierre Bonnard, Dans le miroir du cabinet de toilette

Dans le miroir du cabinet de toilette, Pierre Bonnard peint le corps de sa femme, Marthe.  Sa silhouette de lignes courbes se réfléchit dans le cadre du miroir qui crée un tableau dans le tableau. Bonnard invente un langage plastique composé de courbes et d’arabesques pour dépeindre l’univers féminin de sa muse et des orthogonales qui s’emboîtent les unes dans les autres pour le monde du peintre. Mais Marthe, bien qu’étant la muse de Bonnard, ne nous regarde jamais. On connait tout de son corps svelte et toujours jeune, on ne devine rien de ses pensées secrètes… Bonnard ou le peintre du silence et des instants suspendus…

Pierre Bonnard. Nu dans le bain. H/T. Musée d’art moderne, Paris. 1936

 

Conférence 2 : Pablo Picasso, La force du Minotaure

Tout au long de son œuvre, Picasso n’a cessé de peindre la figure humaine. Du premier portrait de sa mère réalisé à l’adolescence à son ultime autoportrait crayonné la veille de sa mort, il n’a jamais interrompu cette quête permanente pour tenter de maîtriser la représentation d’autrui. Elle émerge du néant de la toile en un geste coulé puissant et imprévisible. Il se met en place dans l’œuvre peint de Picasso une relation triangulaire entre le peintre, le modèle et la toile. Le résultat est souvent stupéfiant, et révèle un paradoxe étrange. L’on reconnaît Fernande, Jacqueline ou Dora Maar à travers leurs photographies après qu’on les aies vues peintes par Picasso. D’où vient la ressemblance du portrait, comment naît l’image de l’autre, pourquoi reconnaît-on les familiers d’un peintre qui a voulu a tout prix s’extraire du mimétisme ?

Pablo Picasso. La muse. H/T. Musée d’art moderne, Paris. 1935

 

Conférence 3 : Marc Chagall, La chute de l’ange

Né à Vibetsk en 1887, Moïshe Segall , aîné d’une famille pauvre d’un shtetl  (village juif) de l’Empire de Russie,  il étudie à l’école des Beaux-Arts de St Pétersbourg avant de venir à Paris grâce à une bourse. Il s’installe à la Ruche et fait la connaissance des artistes surréalistes et de l’Ecole de Paris. Il développe un vocabulaire poétique où se trouve une certaine nostalgie de son enfance et de la culture juive ashkénaze. Il épouse Bella qui sera sa muse dont il peint tour à tour la rencontre, l’Anniversaire, avant de peindre La Chute de l’Ange qui annonce les lentes mais inexorables montées des périls de l’entre-deux-guerres. Chagall, poète de la couleur, réinvente l’histoire universelle et singulière de l’éternel exilé.

Marc Chagall.  L’Anniversaire.  H/T. 1915.MoMA, New York